projet de Diplôme / phase intermédiaire / présentation orale en 3 minutes...
Un laboratoire d’interprétation autour de la soie à Tours / Camille Gillot
" La genèse du projet a été la découverte d’un patrimoine
ignorée de la ville de Tours et sa région, la Soie. L’intrigue de l’imaginaire
de la soie s’est ensuite mise en place. C’est un matériau mystérieux, sensuel,
libre, féminin, fragile, luxueux. Et dans un même temps empreint d’un paradoxe
du à son mode de fabrication qui lui est brutal, violent, ne serait-ce que dans
le vocabulaire spécifique de son mode de fabrication avec des termes comme « étouffer »,
« tremper », « ramollir », « souder », mais
également la mécanique des machines qui frappent, tapent dans un bruit
assourdissant. Il faut une grande violence pour arriver à la délicatesse du
produit fini. C’est cette dualité, ce paradoxe qui intrigue est apparaît comme
générateur de projet, d’espace à vivre, d’ambiances architecturales.
Alors maintenant que fait-on ? Un musée ça semble
logique ! Oui mais dans un musée aujourd’hui, les œuvres sont extraites de
leur contexte, détachées de leur identité ethnique, politique et sociale. Alors
il faut trouver un lieu qui pourrait être une bonne réponse à ces problèmes là.
Ce lieu, il existe. Il est en bord de Loire proche du centre
ville historique de Tours. C’est une ancienne manufacture de soierie inactive
depuis 2009. C’est un volume hétérogène qui s’est construit avec le temps et
les besoins et qui est à la fois fermé sur lui même par sa forme architecturale,
et marié à la ville par sa situation géographique. Il n’attend que de révéler
sa richesse intérieure et le matériau qui l’a fait vivre toutes ses années. Cet
écrin aujourd’hui muet va pouvoir reprendre corps grâce à la soie mais va aussi
devoir malgré ses 4000m2 créer du lien, dérouler des fonctions, être vecteur
d’identité, de vie et de création.
Et bien je pense que c’est la manière dont on va raconter la
soie et les fonctions que l’on va lui donner qui vont faire sens. Elle doit
agir comme une compagne tout au long de la visite. Avec dans un premier un temps
un laboratoire où l’on peut expérimenter le matériau, le faire revivre, puis un
parcours scénographique qui va nous raconter la soie de manière plus sensible, et
enfin une réserve qui servira aussi de vitrine d’exposition. Comme un ruban que
l’on vient dérouler tout au long du parcours, les fonctions vont se lier entre
elles.
Ce ruban c’est la métaphore d’un parcours sans fin, comme un
anneau de Moebius où dès son entrée, le visiteur est plongé dans le
laboratoire, un univers de bruit, de mouvement et d’activité qui le met
immédiatement en condition et lui fait comprendre qu’au sein de ce musée,
« l’agir » est un leitmotiv. Il continu d’être guidé par ce ruban qui
poursuit sa course vers des ascenseurs, pistons venant injecter les autres
espaces fonctionnels tournant tout autour de la « réserve-exposition »
où le visiteur peut contempler les pièces de soieries conservées dans leur
vitrine, tout en étant immerger dans une scénographie sensible qui nous raconte
la soie, et qu’il peut toucher, ressentir et vivre. Il est dans une double
lecture permanente. Il se laisse guider par les rythmes du sol et de la
lumière. Il visite avec l’intégralité de son corps.
Le ruban ayant fini sa course, l’usager peut décider d’en
sortir mais il peut aussi le parcourir de nouveau, libre à lui de s’approprier l’espace.
Puisque paradoxalement, en se sentant guider, le visiteur se sentira aussi plus
libre d’agir dans le lieu.
"
camille GILLOT
étudiante DSAA2