PASSAGE SAINTE CROIX / NANTES
SAMEDI 18 NOVEMBRE DE 14H30 A 17H30
L’HOMME A-T-IL BESOIN D’HABITER QUELQUE PART ?
■ Olivier MONGIN
philosophe, directeur de la revue Esprit de 1989 à 2012.
philosophe, directeur de la revue Esprit de 1989 à 2012.
■ Monique ELEB
sociologue, professeur et membre du conseil scientifique de l’Atelier international du Grand-Paris depuis 2012.
quelques éléments extraits de cette conférence :
■ Olivier MONGIN appuie sa démonstration sur la célèbre triade de Leon Battista Alberti dans l'Art d'édifier (1485, Florence) : nécessité (necessitas), commodité (commoditas) et volupté (voluptas). Il traduit - "architecte, tu construis pour que cela tienne, que ce soit stable dans les règles de la physique, de l'environnement, de la santé (une première expression de l'écologie ?)" - "tu construis pour quelqu'un d'autre, il y a une nécessaire relation entre celui qui conçoit et celui qui habite" - "tu fais en sorte que ce que tu construis procure un plaisir esthétique". On peut bien sûr rappeler ici la devise initiale de Vitruve dans De Architectura (Rome antique) « firmitas, utilitas, venustas» — autrement dit forte ou pérenne, utile et belle. En d'autres termes, construire signifie aussi "instituer" de l'humanité. Habiter implique un rapport espace-temps particulier - un rapport entre dedans et dehors - une relation avec les autres... Le "bon" habitat n'est pas celui qui enferme l'individu mais celui qui lui permet de se projeter au dehors (importance du seuil, de la porte, de la fenêtre). L'habiter engage un mouvement - il s'agit d'inscrire notre lieu d'habitation dans un espace plus large que notre espace d'habitation... on habite alors un territoire avec les dimensions du politique et du commun - d'où l'importance des pratiques et des interactions.
■ Monique ELEB développe son exposé autour d'une problématique plus intérieure, celle de l'habitant. L'habitation est le lieu à partir duquel le sujet tisse son rapport au monde, aménager son appartement c'est aussi s'aménager soi-même et se transformer... Cet "habiter" est en constante évolution, c'est une image toujours en devenir - une création (telle que la définirait Winnicot dans son ouvrage Jeu et réalité - l'espace potentiel). La maison est un espace de négociations des habitants, elle tient sans paroles un discours sur l'habitant et sur son identité - son statut social. Objet d'expression, elle permet alors de résister - d’enfreindre les règles écrites par l'architecte souvent vu / confondu avec le représentant de la loi. Transformer, faire sa place, laisser sa trace, bricoler pour construire son propre havre de paix...
■ Pierrick BEILLEVAIRE expose sa méthode, une "manière nantaise de faire de l'urbanisme", avec comme exemple le projet Doulon-Gohards. Il évoque sa réflexion sur les fragment(s) de ville(s) où cette ville est considérée comme un personnage et une matrice collective à interpréter - l'habiter se constitue ici du "frottement" entretenu avec les autres. C'est bien dans la notion d'ancrage que l'habiter peut se fonder - ce qui nous appartient collectivement est à approprier. Il faut ménager des jachères urbaines pour que les habitants puissent inventer des espaces du commun. Il nous parle de "logements agiles", d'une nécessaire adaptation des normes qui ne correspondent plus à nos modes de vies (T1/T2/T4... alors que les familles ont évolué !) C'est bien la collégialité qui fait l'urbanité - il défend une ville faite d'assemblages, de lieux ouverts, invitants et organiques pour que chacun trouve sa place dans des relations quotidiennes. Habiter c'est aussi voisiner.
voir ici les prochains RDV du cycle de conférences...
sociologue, professeur et membre du conseil scientifique de l’Atelier international du Grand-Paris depuis 2012.
■ Pierrick BEILLEVAIRE
architecte urbaniste, directeur de l’agence In Situ Architecture & Environnement à Nantes.
architecte urbaniste, directeur de l’agence In Situ Architecture & Environnement à Nantes.
quelques éléments extraits de cette conférence :
■ Olivier MONGIN appuie sa démonstration sur la célèbre triade de Leon Battista Alberti dans l'Art d'édifier (1485, Florence) : nécessité (necessitas), commodité (commoditas) et volupté (voluptas). Il traduit - "architecte, tu construis pour que cela tienne, que ce soit stable dans les règles de la physique, de l'environnement, de la santé (une première expression de l'écologie ?)" - "tu construis pour quelqu'un d'autre, il y a une nécessaire relation entre celui qui conçoit et celui qui habite" - "tu fais en sorte que ce que tu construis procure un plaisir esthétique". On peut bien sûr rappeler ici la devise initiale de Vitruve dans De Architectura (Rome antique) « firmitas, utilitas, venustas» — autrement dit forte ou pérenne, utile et belle. En d'autres termes, construire signifie aussi "instituer" de l'humanité. Habiter implique un rapport espace-temps particulier - un rapport entre dedans et dehors - une relation avec les autres... Le "bon" habitat n'est pas celui qui enferme l'individu mais celui qui lui permet de se projeter au dehors (importance du seuil, de la porte, de la fenêtre). L'habiter engage un mouvement - il s'agit d'inscrire notre lieu d'habitation dans un espace plus large que notre espace d'habitation... on habite alors un territoire avec les dimensions du politique et du commun - d'où l'importance des pratiques et des interactions.
■ Monique ELEB développe son exposé autour d'une problématique plus intérieure, celle de l'habitant. L'habitation est le lieu à partir duquel le sujet tisse son rapport au monde, aménager son appartement c'est aussi s'aménager soi-même et se transformer... Cet "habiter" est en constante évolution, c'est une image toujours en devenir - une création (telle que la définirait Winnicot dans son ouvrage Jeu et réalité - l'espace potentiel). La maison est un espace de négociations des habitants, elle tient sans paroles un discours sur l'habitant et sur son identité - son statut social. Objet d'expression, elle permet alors de résister - d’enfreindre les règles écrites par l'architecte souvent vu / confondu avec le représentant de la loi. Transformer, faire sa place, laisser sa trace, bricoler pour construire son propre havre de paix...
■ Pierrick BEILLEVAIRE expose sa méthode, une "manière nantaise de faire de l'urbanisme", avec comme exemple le projet Doulon-Gohards. Il évoque sa réflexion sur les fragment(s) de ville(s) où cette ville est considérée comme un personnage et une matrice collective à interpréter - l'habiter se constitue ici du "frottement" entretenu avec les autres. C'est bien dans la notion d'ancrage que l'habiter peut se fonder - ce qui nous appartient collectivement est à approprier. Il faut ménager des jachères urbaines pour que les habitants puissent inventer des espaces du commun. Il nous parle de "logements agiles", d'une nécessaire adaptation des normes qui ne correspondent plus à nos modes de vies (T1/T2/T4... alors que les familles ont évolué !) C'est bien la collégialité qui fait l'urbanité - il défend une ville faite d'assemblages, de lieux ouverts, invitants et organiques pour que chacun trouve sa place dans des relations quotidiennes. Habiter c'est aussi voisiner.
voir ici les prochains RDV du cycle de conférences...
Quels effets de l’exil, de l’absence de logement ? - SAMEDI 10 FÉVRIER DE 14H30 A 17H30
Comment habiter ensemble ? - SAMEDI 14 AVRIL DE 14H30 A 17H30
Comment habiter ensemble ? - SAMEDI 14 AVRIL DE 14H30 A 17H30
Magali CHADUIRON